Le Château de la Mothe est mythique pour plus d’une raison, et un épisode de la « vie de château » en particulier n’a rien à envier à la tragédie Shakespearienne. Abel, grand-père jamais à cours d’idées aussi sottes que grenues pour amuser ses petits enfants, avait fait l’acquisition de trois ovins dont un en particulier était habité par le (mauvais) génie des alpages. L’ironie de la fortune avait voulu que Brutus soit le nom choisi pour nommer le seul mâle de la triplette – car il est bien connu que les femelles ne mérite pas de dénomination particulière.
Le mode d’emploi du cornard était somme toute assez simple : Une fois dans le champ où paissaient les sus-dits moutons, toute l’astuce consistait à ne jamais tourner le dos au bélier sous peine de se retrouver rapidement sonné sur son séant. Quelque soit sa taille, l’ovidé se précipitait à peine avait-on le dos tourné sur l’intrus jusqu’au choc, ou jusqu’à ce qu’il se retourne. Les incursions dans l’alpage – notion très dévoyée dans l’Aube qui abrite le Château et n’est pas vraiment connue pour ses reliefs… – revêtaient tous les aspects du jeu « 1 2 3 soleil » puisque le bélier se figeait dès qu’il apercevait le regard de sa cible. Ce jeu était d’ailleurs fort prisé chez les cousins Poux et assimilés, l’astuce étant de ne pas être le dernier à sortir du champ. En effet, la probabilité de se retrouver dos au bélier augmentant à mesure que les cousins quittaient le champ, la situation pouvait devenir plus dangereuse. Lucas a notamment fait les frais d’une percussion mémorable suivie d’un sabotage en règle (je ne résiste pas à l’envie de vous proposer ce néologisme « sabotage », les béliers ne disposant pas du pied nécessaire au piétinement )