150 km en 8 jours sur la Loire avec mes fils sur un canoë
Cet année, mes enfants ont eu 8 et 10 ans. Ils nagent parfaitement tous les deux, ce qui était une des conditions pour pouvoir partir sur l’eau sans trop pétocher.
« Patrick » un canoë de 4,70m déniché sur le bon coin, baptisé comme ça par les enfants.
Des mois de préparation : préparation à la pèche, préparation à la rame, aux cours d’eau calmes et rapides. Des tests de recettes au feu de bois.
Début juillet, ça y est, nous sommes prêts. Départ pour Blois, quelque peu mouvementé par les grèves de la SNCF. 14h plus tard, nous nous retrouvons à 1h du matin à tenter par tous les moyens de rejoindre la base nautique de Vineuil. Arrivés épuisés et en pleur, j’emballe — littéralement — les enfants dans les duvets et le tarp pour résister aux averses. Le lendemain, à l’aube, je vais chercher le canoë que j’avais caché non loin de là, chez l’habitant.
Il fait un temps dégueulasse, le vent dans le nez, mais c’est parti !
On s’habitue progressivement à l’embarcation. J’ai pris à bord de quoi passer la semaine en quasi-autonomie. On a quinze litres d’eau, de quoi pêcher et faire du feu, une popote et quelques féculents. Par conséquent, le canoë pèse son poids et les manoeuvres sont laborieuses.
Les premiers passages sont relativement simples comparés à ceux que l’on trouvera plus loin sur le trajet. J’ai repéré sur Google map les îles susceptibles de nous accueillir pour la nuit. La règle étant : s’il y a de la végétation, on peut accoster, mais sinon, c’est un lieu de nidification interdit au débarquement. Très rapidement, en dépassant Blois, nous arrivons en pleine nature.
Vu le temps, pour ce premier jour, nous renonçons temporairement à dormir sur une île. Les enfants m’ont beaucoup aidé à ramer pour la première étape, et il me parait plus simple de ne pas enchainer directement sur la corvée de bois. Camping sommaire mais douche chaude, nous faisons du pop-corn, les enfants sont ravis.
Le temps se découvre juste assez pour prendre un petit coup de soleil, nous repartons ragaillardis. On sauve un bébé goéland de la noyade — mais probablement pas d’une mort certaine, rapport à sa patte cassée — et on rencontre un groupe avec lequel nous prenons le repas du midi. Nos chamalows ont un certain succès, et c’est à partir de cette étape que nous ne verrons plus grand monde sur le parcours. La base nautique de Vineuil ayant son petit prestige, la Loire est assez fréquentée dans les 20km amont/aval de Blois. Au delà, en revanche…
Nous dépassons Amboise, et nous campons sur une petite île pour le plus grand plaisir des enfants. Il fait enfin beau, plus de risque de montée des eaux. Les enfants pêchent, découvrent — ou plutôt refusent de découvrir — les joies des toilettes extérieures. Nous préparons du bois en rab pour faire un grand feu de joie lorsque la nuit sera tombée.
Vers 23h, tout le monde se couche en écoutant les bruits de la rivière qui sont très différents de ce qu’on en entendait depuis le camping.
Le lendemain, passage à Tours où l’on retrouve brièvement la civilisation — et la crème après solaire. Le topo indique qu’il est prudent de passer le rapide à pied. Nous commençons par aller faire un repérage de visu. Je décide de passer par la rivière, mais Phileas avec qui je viens de m’engueuler (la promiscuité des embarcations…) préfère passer à pied.
Je suis à la barre, finalement ça passe crème, tout au plus un peu d’eau au fond du canoë. Nous récupérons Phileas.
Prochaine île, prochain campement, on cuit littéralement sous le soleil et le tarp que j’avais emporter contre la pluie nous sert avantageusement contre le soleil. Encore un peu de pêche, une autre corvée de bois, et on essaye de démarrer le feu avec la pierre à feu, « pour voir »
On insiste pas longtemps, on a faim. Le briquet fera l’affaire.
Les enfants rament de moins en moins. J’ai été bien inspiré d’emporter des histoires audio à écouter sur la petite enceinte portable. Gargantua, Sacrée Sorcière, Robinson ou la vie sauvage, tout y passe. Le courant de 3 à 5 km/h m’aide tout de même, et en ramant 2 heures le matin et 2 heures l’après midi, je parviens à faire mes étapes sans trop souffrir… tant qu’il n’y a pas de vent de face !
Au bout de quatre jours de camping sauvage, la nature se rappelle à Zéphir, qui est bien obligé de me demander la pelle et le PQ, lui qui ne voulait surtout pas faire ça autre part que dans des toilettes.
Nous arrivons en fin de périple et, à force d’entendre les enfants râler, je me demande si l’aventure leur plaît. Je commence à être fatigué et je profite de la proximité d’un camping « luxe » pour y faire une halte : piscine, jeux gonflables, concert, et surtout douche chaude. Les enfants reviennent à la tente suivis d’une horde de copains qui posent tous des questions, visiblement fascinés par notre histoire de canoë. A voir comment mes enfants fanfaronnent devant leurs copains, j’ai ma réponse. Ils font les difficiles, ils bougonnent, mais ça leur plaît !
Encore un effort et nous voilà à Saumur. J’avais vendu le canoë à l’avance, et convenu que l’acheteur nous déposerait à la gare en repartant. C’est chose faite et nous voilà dans le TGV, avec tout le confort moderne, la clim et les bouquins !
FAQ
1 — Ce bouquin explique tout ce qu’il y a à savoir et préparer sur le canoë : https://amzn.to/2BGnPbk
2 — Il est possible de louer un canoë depuis la base nautique de Vineuil, et ils viennent vous chercher à la fin (distance max Saumur, soit 8j/150km )
3 — Google Map sert de repère, mais les bancs de sable bougent donc ça n’est qu’une indication
4 — La Loire est, parait-il, un fleuve capricieux. Nous on a eu de la chance, mais dès qu’on est sur l’eau, attention.
5 — Prévoir que les enfants s’arrêterons de ramer tôt ou tard. Calculez vos étapes comme si vous alliez ramer seul.e.
6 — Si vous êtes souple, vous pouvez préférer le kayak, mais faites un test à la journée avant, on ne sait jamais.
Le matériel nécessaire
1 — Une embarcation (duh !)
2 — Tout ce qui est dans le bateau doit flotter & être attaché
3 — Prendre 10m de bout en rab, on en a toujours besoin à un moment ou un autre.
4 — Les bidons et les sacs étanches ont leurs avantages respectifs : chercher dans un bidon, c’est plus facile que dans un sac. Mais le sac s’adapte mieux au volume dans lequel vous essayez de le placer. Typiquement, on mettra dans un grand sac étanche ce qui ne bouge pas de la journée (duvet/tente/etc.) et dans un bidon accessible à tout moment les choses que l’on passe son temps à prendre et poser (la carte, les lunettes, l’appareil photo, les snacs, etc.)
5 — choisissez vos chaussures en fonction du fait qu’elles passeront leur temps à alterner le sec et le mouillé.