Il y aura toujours une bonne poire…

Une des remarques qui revient le plus sur #JSNEI, outre les questions et les doutes sur le modèle économique, c’est celui de « tout le monde a une bonne poire dans son entourage qui réglera ses problèmes ».

De fait, tout le monde a une bonne poire, c’est un fait — si vous parlez anglais et que vous avez de l’humour, vous pouvez aller lire ça. J’ai été la bonne poire de dizaines de personnes, je vois très bien comment ça marche. Vous commencez à avoir l’habitude je vais faire un parallèle en parlant d’autre chose. Et même de deux autres choses.

Si vous ne vous souvenez pas des débuts de la musique digitale laissez-moi vous le résumer. Les maisons de disque sont des gros-plein-de-fric effrayés à l’idée que la moindre avancée technologique puisse amputer leurs royalties — qui portent bien leur nom. Ils ont, entre autre, prédit la fin de la création musicale lorsque la bande magnétique est arrivée sur le marché du vinyle — parce que, OH MON DIEU, on pouvait faire des copies avec ! — je vous laisse juge.

Cette belle bande de pétochards, donc, a décidé que, musique digitale d’accord, mais avec un format propriétaire, avec des DRM, comme ça les vilains pirates seront bien feintés, hahaha ! En gros, l’équivalent de l’installation d’un scan rétinien sur votre chaine HiFi, c’est à dire pas exactement un truc user-friendly. Bref, naturellement, ils se sont demandés pendant dix ans comment faire pour faire décoller les ventes de fichiers audio numériques, mais rien à faire, pas moyen. Pendant ce temps là, évidemment, sur Napster, on téléchargeait allègrement tous les MP3 possibles et imaginables. Entre autre parce que sur l’Archos, on pouvait pas lire les formats de merde du genre WMA avec DRM facilement.

Et là, Steve Jobs a dit un truc tout con, il a dit : « pour vendre de la musique sur Internet, il faut que l’acheter soit plus facile que de la piquer » et globalement, c’est ce qu’il a fait, les DRM ont pas mis longtemps à sauter, et on connait tous l’histoire du iPod.

C’est le pari que je fais, de penser que la plupart des gens qui ont un problème informatique trouveront plus simple de passer par #JSNEI et trouver une solution dans les deux jours qui suivent[edit d’avril 2016]4 heures qui suivent, désormais[/edit] plutôt que d’attendre le week-end suivant que leur neveu Gonzague passe les dépanner.

Il y a une autre raison pour laquelle je pense que la « bonne poire » ne le restera pas longtemps. Aujourd’hui, il n’y a pas de marché de l’aide informatique. Ce qui s’en approche, ça serait un mix entre le SAV Darty / FNAC (plutôt orienté matériel), le Genius Bar des Apple Stores (gratuit), et des organismes de formation Word/Excel.

Autant dire un espèce de brouillard pas très clair. Et avec des offres pas du tout comparables. Les raisons pour lesquelles vous ne dites pas à votre cousin dentiste « à toi ça va te prendre cinq minutes » ou « j’ai pas le temps de chercher sur doctissimo » pour savoir si vous avez une carie, c’est parce qu’il a passé un diplôme pour lequel il est reconnu, et ensuite parce que le prix d’un détartrage est quelque chose de connu.

« Je suis nul en informatique » aura, même si le service ne fonctionne pas très bien dès le début, une vertu : Elle jettera les bases du marché de l’aide informatique. On saura combien ça coûte de faire intervenir quelqu’un pendant une heure sur une histoire de cartouche d’encre. Et laissez-moi vous dire que la « bonne poire », en plus du plaisir de vous envoyer sur les roses en vous recommandant « va donc sur je suis nul en informatique point FR » aura une conscience de plus en plus importante de la valeur de son service. Vous ne pensez pas ?

Originally published at www.je-suis-nul-en-informatique.fr.

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