L’intuition, la surprise et la Porsche de Robert Scoble.

Je ne vais pas beaucoup vous surprendre en vous disant que je crois beaucoup au projet « Je suis nul en informatique ». Son lancement m’a pourtant chamboulé tant il se déroule d’une manière opposée à ce que j’avais imaginé. Et c’est peut être une bonne nouvelle.

Pour des raisons que j’ai expliquées dans de nombreux billets précédents, le besoin des Nuls pour de l’aide informatique me semble irrépressible, leur demande extrêmement mal formulée et l’offre inappropriée ou inexistante.

Le pari que j’ai fait est donc de proposer un formulaire simplissime qui traduise leur besoin et les mette en relation avec des As capables de régler leur problème.

Je m’attendais à ce que les Nuls, voyant un site qui réponde à l’expression de leur besoin (et non pas seulement à leur besoin) se précipitent et opèrent une traction importante sur l’ensemble du projet.

J’avais prévu de « résister » à cette pression en mettant en place tout un dispositif pour expliquer que « oui, je sais, tu voudrais l’utiliser maintenant, mais le lancement c’est plus tard » et néanmoins récupérer de l’email et du compte gratuit (compte Nul) en amont du lancement.

J’avais prévu d’avoir à convaincre énormément les As du potentiel du projet, notamment en leur proposant une adhésion à vie — en gros, je renonce à un abonnement pour un prix fixe en échange de leur coup de main au départ. Effectivement, le lancement ne peut pas se faire sans un pool suffisant d’As en base de donnée.

Et ce qui s’est passé a été vraiment surprenant.

Les Nuls, pour l’instant, s’en foutent complètement. A l’heure où j’écris ces lignes, il y a 18 Nuls, dont 8 sont des amis.

Les As, en revanche, ont tout de suite pris le train en marche, ils sont 38 vrais comptes payants, répartis un peu partout en France, avec un grosse moitié sur la seule région parisienne.

Je m’en suis rendu compte en lançant un crowdfunding sur KKBB. J’ai « récolté » 50 euros d’une proche — merci Delphine ! — en diffusant le KKBB à mon réseau FB.

Pourtant, la viralité faisant son office, les As ont continué à s’inscrire, eux qui sont aux premières loges pour juger de l’opportunité de ce projet, puisqu’ils sont les premiers à qui l’on demande un coup de main en informatique.

Depuis le lancement le 12 avril, j’ai envoyé un email à tous les gens avec qui j’ai correspondu ces dernières années, environ 2200 personnes, de tous âges et tous horizon. Et le résultat est sans appel.

Au mail bref qui explique le projet, j’ai eu un nombre de réponses et d’encouragement vraiment inespéré, tous sur le thème « ça va me servir », « je connais au moins trois personnes qui ont besoin d’un truc comme ça, etc. »

Ce qui est rageant pour l’instant, c’est que toutes ces personnes ne se transformeront pas en Nuls avant d’avoir un problème informatique à régler. Tout le marketing du monde ne peut pas générer plus de problèmes informatiques chez les gens qu’il n’en existe déjà.

C’est pour ça que j’ai changé mon fusil d’épaule pour le lancement, et qu’au lieu d’acheter du mot clé type « dépannage informatique » sur Adwords, je m’oriente désormais vers quelque chose de plus « traditionnel » dont je vous parlerai plus tard — si ça peut vous rassurer en tant qu’As, ça va me coûter plus cher !

Si le titre de l’article vous a intrigué et que vous ne saisissez pas la référence, sachez que Scoble a un jour dit que son patron avait l’habitude de dire : « Si vous demandez aux conducteurs de Porsche de vous concevoir le prochain modèle, ils vont diront immanquablement, ‘un moteur plus souple’, ‘un plus grand coffre’, ‘une version diesel’ etc. Bref, ils vous dessineront une Volvo ! »

Tout ça pour dire que le consommateur n’est pas forcément le mieux placé pour juger de ce qu’il souhaitera acheter. Le fameux tripique entre ce qu’on croit vouloir, dit vouloir et ce que l’on veut vraiment.

Si j’avais considéré le bide total de mon KKBB pour juger du succès potentiel de JSNEI, je ne serais pas en train d’écrire ce billet aujourd’hui. L’histoire ayant déjà donné raison à Robert Scoble avec la Panamera — soyons honnête, c’est une Volvo — nous découvrirons dans les prochains mois si elle me donne raison à mon tour ou pas. Stay tuned!

Originally published at www.je-suis-nul-en-informatique.fr.

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