Le paradoxe du sponsoring

Le dernier machin que j’ai pondu sur le sponsoring, en tournant les choses en dérision a été beaucoup lu, et repris à la radio. Je me suis dit que ca méritait une approche plus complète et plus approfondie. Aujourd’hui, donc, je vous propose l’analyse du paradoxe du sponsoring, au travers du sponsoring féminin, qui se révèle plus facilement que le sponsoring masculin. C’est mystérieux ? Lisez plutôt…

Les icônes masculines, c’est simple, c’est beau, c’est con. Que vous vouliez vendre du PetrolAhn, des biscuits, des ballons de foot, l’écologie, le snowboard ou le surf, il vous suffit d’un bon vieux Bixente Lizarazu, ça sert à tout, pas de problème. C’est vrai, si on y pense, en gros, un homme tout ce qu’on lui demande, c’est de se taire pour éviter de dire des conneries, d’être beau gosse, et puis… et puis c’est tout, parce que ça suffit largement à vendre des slips ou autre chose. Là où ça se complique, c’est pour les dames, car vous n’avez pas besoin de la même dame, en fonction de ce que vous vendez. Evidement, le fait de mettre une jolie fille marche toujours plus ou moins, pour vendre des garnitures ou des yaourts, mais dès qu’on s’approche du sport, ça coince.

En effet, pour revenir aux messieurs, il suffit généralement de prendre le plus beau de l’équipe de rugby, et hop, on a un alibi pour faire viril/sportif/beau/pas con, mais pour les dames, comme la beauté n’est pas toujours associées aux performances sportives, les annonceurs ont des choix cornéliens. « Dois-je choisir une sportive au palmarès impeccable, ou bien une pépette vaguement douée pour vendre ma lessive ? »

Allez, vous n’en pouvez plus, je balance les noms : Par exemple, si vous voulez vendre des ticheurtes roses et des bikinis, vous prenez qui ?

  • A ma droite, Patricia Rossi, championne de Polynésie depuis plus de 15 ans, invaincue (et invincible ?) sur la plupart des compètes locales, mais… la trentaine, maman et un peu trop popa’a.
  • Au milieu, Hanalei Reponty, nymphette prometteuse en terme de photos, dans une discipline (le longboard) qui risque moins de la « déformer » que le shortboard, mais… pas encore au top en terme de perf, et popa’a.
  • A ma droite, Prisca Amaru, (très ? trop ?) coaché par son tane qui a ses entrées dans le surf, tatouée ( ?), locale, toute jeunette mais… loin d’être aussi performante dans tous les sports qu’elle dit pratiquer, dont on attend toujours les résultats en compétition.

Le problème est toujours le même, celui du magasin de jeu vidéo : La statue de Lara Croft en devanture, il y a un prix dessus, mais personne ne l’a jamais achetée. Et pourtant, elle fait vendre, c’est bizarre, non ? C’est pareil dans les surfshops, il n’est pas envisageable de ne pas vendre de planches de surf, et pourtant, ça rapporte rien et on n’en vend presque pas… (d’ailleurs, chez mister Tanseau, elles sont tellement cher qu’on dirait qu’il veut pas les vendre…)

Si vous adaptez le raisonnement au sponsoring, vous comprendrez l’apparition des « contrats-image ». Prisca et Hanalei ont toutes les deux eu un contrat-image (Oxbow et Rip Curl) et ce qu’on leur demande n’est pas forcément de briller en compétition, mais d’être jolie sur les photos pour vendre… des ticheurtes, beaucoup plus que des planches de surf. Ce qui est dommage pour les sportifs qui font une carrière au sens propre dans le surf. Par exemple, Patricia Rossi, qui est ce qui se rapproche le plus de Slater ou Curren en terme de récurrence du succès n’est pas beaucoup mieux sponsorisée que Prisca et Hanalei, alors qu’elle gagne quasiment toutes ses compétitions depuis vingt ans (au niveau local, au moins)

Chez les garçons, tout le monde ne peut pas en dire autant en terme de médaille, et pourtant il parait que Hira touche 300 000 par mois en cash par la Brasserie. Si l’on compare le mode de vie de Hira avec celui de Patricia, Prisca, et Hanalei, on ne peut pourtant pas dire qu’il soit exemplaire, mais c’est ainsi, le public aime les Bad Boys alors qu’une fille ne pourra pas se permettre les mêmes écarts. Je ne condamne évidement personne, je suis très content que Hira vive du surf, et il faudrait qu’il y ait beaucoup plus de surfeurs/surfeuses dans ce cas.

Mon seul regret est de voir que certains sportifs qui sont très « coubertin » dans leur vie de tous les jours se voient voler la vedette par d’autres moins méritants, pour des considérations marketing pas très glorieuses… J’ai pris la Miss Rossi comme exemple, mais on peut également parler de Michel Demont, qui n’est pas médiatisé sous prétexte que le longboard, c’est moins cool, ou encore Nico Richard, parce que le bodyboard fait moins vendre que Slater ma…

Pour finir, c’est triste de voir que des gens qui se donne à fond dans un sport soient obligés d’avoir un job à la Soc ou à l’OPT pour pouvoir continuer les compétitions… Mais c’est la dure loi du surf à Tahiti!

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