Première disparition

Phileas, l’ainé de mes enfants, nous a un jour fait une frayeur dont seuls les parents peuvent imaginer la portée.

Vers ses 2 ans, il nous sembla qu’il était temps de d’essayer de faire dormir Phileas dans un « grand lit », c’est à dire un couchage sans barreaux. Après quelques soirées passées à faire d’innombrables aller-retours dans sa chambre afin de le recoucher/ éteindre la lumière / le gronder / retrouver sa sucette etc…, nous finîmes par convenir qu’un peu de frustration de sa part et d’ignorance de la notre pourrait fonctionner, et nous le laissâmes alors à ses pitreries en considérant que le sommeil l’emporterait vite.

En effet, au bout de quelques instants – ces instants interminables pour des parents mais qui sont sommes toute ridicules, une fois mesurés objectivement grâce à la plus élémentaire des montres – le silence se fit. Afin de capitaliser sur cet apaisement qui laissait présager un endormissement rapide, nous attendîmes encore un peu avant d’aller constater la supériorité de la pénombre sur l’énergie enfantine.

En entrant dans la chambre, cependant, l’absence de Phileas me donna une curieuse impression. Le portail ouvert, la piscine à portée, tous les dangers du voisinage me venaient en tête pendant que je parcourrai la chambre à la recherche de l’agile petit disparu. La porte fenêtre toujours bien verrouillée, il était impossible qu’il soit sorti par la, et pourtant, force était de constater qu’il avait quitté la chambre.

En tentant d’afficher une sérénité confiante, je retournai dans le salon afin d’annoncer à mon épouse, calmement mais fermement, qu’il fallait se mettre à la recherche du plus grand de nos enfants sans tarder. Sans prendre le temps de se répartir les différents endroits où le rechercher, nous nous ruâmes à l’extérieur, dans le jardin, dans la rue, en faisant résonner le quartier de nos appels. Après ce qui nous parut être une éternité, j’eu malgré tout un doute sur la qualité de ma recherche initiale. Pour en avoir le coeur net, je retournai dans la chambre, et me souvins d’une cachette chère à mon fils. En effet, celui ci avait préféré la fraicheur du parquet et s’était endormi bien caché sous son lit en compagnie de sa sucette et son doudou. C’est maintenant le premier endroit où je regarde lorsque je le recherche, tant cet épisode nous a mis la peur au ventre…

Partager