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L’existence du marché AKA la bonne poire part. 2

Depuis que #JSNEI commence à avoir une petite audience, je me heurte — avec grand plaisir — aux critiques les plus diverses. J’ai déjà parlé de l’argument qui veut qu’il y ait une bonne poire dans l’entourage de chacun, et que cette bonne poire soit corvéable à merci et gratuitement, ce qui causera la perte de mon projet.

J’ai déjà abordé le fait que « la bonne poire » en a marre de l’être dans un billet précédent, mais je ne m’étais pas attardé sur la question du marché. Parlons-en, voulez-vous ?

Mon disclaimer sibyllin vous aura mis sur la piste, je vais parler de sociologie.

En fonction de l’âge que vous avez, imaginez donc vos parents. Et si vos parents ont moins de soixante ans, imaginez vos grand parents.

Je ne les connais pas, je ne vous connais pas, mais je suis prêt à parier que dans leur enfance, ils n’ont jamais eu affaire à une baby-sitter. Si vous venez d’une famille fortunée, ils ont peut-être eu affaire à une gouvernante, ou à la rigueur, à une jeune fille au pair. Mais probablement pas à une baby-sitter. Et il y a une bonne raison à ça.

Dans les années 50–60, la cellule familiale était moins éclatée, il y avait souvent trois générations sous le même toit, et même lorsqu’un jeune couple s’installait, c’était souvent proche du reste de la famille. Sans surprise, les grands parents gardaient les enfants, les oncles ou tantes, voire même les voisins qui faisaient quasiment partie de la famille.

Aujourd’hui, tout le monde trouve ça normal de faire garder ses enfants par la fille de la voisine, et personne n’irait imaginer dire une chose comme « toi qui est passionnée par les enfants, viens donc garder mes enfants gratuitement ce week-end ». Tout le monde trouve ça normal de payer, et c’est même parfois le plaisir d’aider un jeune qui pousse des parents à utiliser les services d’une baby-sitter — je dis « une » parce que c’est souvent des filles, mais j’ai moi-même fait beaucoup de baby-sitting.

Je crois sincèrement que #JSNEI est exactement dans la situation des premières agences de baby-sitters dans les années 70 (80?) alors que le « marché » n’existait pas encore. Je suis prêt à parier que dans dix ans, les gens demanderont à leur voisin de jeter un oeil à leur ordinateur pour le plaisir de leur donner la pièce, eux qui trouve aujourd’hui qu’il faudrait être fou pour payer pour ça.

D’ailleurs, ce pari, je l’ai fait, c’est le site que vous avez sous les yeux.

Originally published at www.je-suis-nul-en-informatique.fr on August 12, 2015.

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