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Coccyx Lexis – Toulouse C aka Rainbow Furies & Bordeaux aka Petites Morts

En 2015/2016, j’étais coach de l’équipe de Roller Derby de Perpignan. J’envoyais un récap de chaque match sur le groupe Facebook de l’équipe. Ci-dessous, un exemple de ces récaps

Depuis le dernier plateau de championnat N2, il s’est passé plus de 5 mois, dont deux mois de relâchement complet en fin d’année dernière, deux mois d’été, et un tout petit mois de reprise des entrainements. 

5 mois sans matches, 5 mois avec peu d’enjeu, c’est long et il fallait que l’on se remette sur les rails après notre très belle saison de l’année dernière. 

Cette année, les équipes du championnat seront les mêmes et chaque match sera une revanche. Chaque revanche contre une équipe qu’on a surprise l’année dernière. 

L’année dernière, même notre dernière défaite fut glorieuse tant nous avons poussé Aix dans ses retranchements. 

Nous avons donc décidé avec Jérome de choisir un match difficile, un match où la branlée était garantie, où l’enjeu sportif n’était pas dans l’issue du match mais dans la manière dont nous prendrions une déculottée. Contre une équipe bien plus forte techniquement, nous verrions forcément beaucoup plus clairement nos points de faiblesse pour les travailler en vue du championnat. 

Après avoir demandé à Montpelier, Toulouse B et Bordeaux, Montpelier a décliné, Toulouse nous a répondu que la C était intéressée et Bordeaux a répondu présent. 

Le match contre Bordeaux serait celui de la déculottée, et nous avons longtemps réfléchi avant d’accepter celui de Toulouse C. 

Les Rainbow Furies, c’est un match de 30 minutes à Pibrac l’année dernière, que nous avons mené en première mi-temps puis perdu, sur une journée qui était la première vraie journée de match pour beaucoup de Coccyx. 

Ce match était un peu inquiétant du point de vue du moral. Sur le papier, nous devons l’emporter, mais les effectifs bougent beaucoup à Toulouse et tout peut arriver. La perspective de perdre contre une équipe moins forte nous tracasse du point de vue du moral en début de saison. Nous décidons finalement de l’accepter en imaginant que nous enverrons « le bas du roster » contre les Rainbow Furies pour avoir « une excuse si jamais on perd ». 

Au final, les joueuses présentes le jour du match ne sont pas assez nombreuses pour que l’on fasse deux rosters bien distincts, et c’est à peu de chose prêt le même pour les deux matches. 

Nous n’aurons donc pas d’excuse.

[Rainbow Furies vs 12h]

Comme souvent lorsqu’on héberge un évènement, c’est la course, et il y a un flottement sensible jusqu’à l’arrivée sur le track. J’oublie la moitié des choses lors de mon speech et je dédramatise la situation en rappelant que les rosters de Toulouse C peuvent être très fluctuant, et qu’en conséquence, nous devons nous concentrer sur notre jeu plus que sur l’issue du match. Les points de travail sont 1- les ponts et la définition de pack et 2- le jeu collectif.

Très rapidement, en cinq minutes, nous prenons un large avantage d’une trentaine de points. L’ambiance est détendue sur le banc, trop détendue. Pendant les 20 minutes qui suivent, nous enchainons quelques jams d’état de grâce avec des jams totalement désorganisés. Nous ne prenons pas plus de leads qu’elles, mais nous les exploitons mieux, notamment parce que notre défense se galvanise dès que nous avons le lead et qu’il faut tenir la jammeuse adverse pour marquer des points. Inversement, lorsque leur jammeuse passe, notre défense reste éparpillée, souvent à la queue leu leu, avec des bloqueuses inertes devant et derrière, attendant leur tour pour essayer de hitter la jammeuse au lieu de travailler ensemble. Beaucoup de fautes de bras (elbow et forearm) tombent, ce qui aura un impact sur l’ensemble de la journée. 

Mi-temps, nous retournons au vestiaire, puis finalement dehors parce qu’il fait chaud, tout le monde n’est pas concentré, ça se disperse un peu, on passe voir ses proches, choses qui n’arrivent que lorsqu’on joue à domicile, et l’on ne se dit pas grand chose à la mi-temps, si ce n’est que le jeu n’est pas encore collectif et que ça peut devenir dangereux lorsque les refs seront un peu plus confiants sur les fautes.

En deuxième mi-temps, l’effet d’accordéon se poursuit avec des jams où nous sommes intouchables à >20pts par jam et d’autres nous sommes complètement perdues. Nous frôlons les 100 points de différence au score, que nous ne maintiendrons pas jusqu’à la fin, probablement par manque de concentration et de jeu collectif. 

Les points positifs sont nombreux : le niveau individuel est vraiment très homogène, le jeu était tellement peu collectif qu’on aura au moins pu voir les actions solo de chacune et personne n’a démérité. Les ponts pour lesquels je m’inquiétais sont très propres et très rapides. Agathe, dont c’est le premier match, après avoir fait un remake de « Bambi sur le lac gelé » en première mi-temps cesse complètement de tomber et remplit son rôle dans la ligne. Carole sort toute seule une jammeuse trois fois grosse comme elle et la recycle avec beaucoup d’instinct. Iron et Johanna placent des Apex sortis de nulle part. Vivi, après avoir dégueulé le matin, être passé chez le médecin, et avoir saigné du nez en première mi-temps, rentre sur le track comme si de rien n’était et fait le job. Je ne détaille pas tout le monde, mais c’était vraiment bien individuellement.

Reste le problème de la volée de moineau, personne ne joue réellement ensemble, et tout le monde attend son tour pour taper dans la jammeuse au lieu de s’y mettre à plusieurs. 

Les objectifs sont atteints pour les points, la définition de pack et les fautes, mais beaucoup moins pour le jeu collectif.

[Petites Morts vs Coccyx Lexis 17h]

Dès le captain meeting, l’ambiance change lorsque BZ met la pression au Head Ref sur des points de règles. Elle sait ce qu’elle raconte et donne bien l’impression qu’elle n’est pas là pour rigoler. Elle détaille point par point les choses qu’elles veulent vérifier, à commencer par les bras contre le corps lors des passages des jammeuses qui peuvent être sifflés comme forearm.

Nous avons un match dans les pattes, contrairement aux bordelaises. Ce match est celui que nous censées perdre, et j’annonce les objectifs, perdre de moins de 70 points, et de moins de 35 points en second objectif. 

L’ambiance dans le vestiaire est bien meilleure, plus zen, plus concentrée, et nous partons sur le track détendues, dans le bon sens du terme, cette fois. 

Premier jam, les bordelaises prennent le lead, on leur colle au cul, et on force le 0-0.

Deuxième jam, on prend le lead, « tu passes et tu call » 4-0 pour nous. 

Quelque chose se passe, nous sommes déjà dans le match, les Petites morts sont un peu perdues, ça joue très vite, et nous prenons la encore une vingtaine de points d’avance en cinq minutes. 

Au bout de 5 jams, je demande un Team Time-Out et j’annonce que ça va se jouer à l’endurance, aux fautes et à la constance. Pas question de faire l’accordéon comme sur le premier match, ça ne marchera pas contre cette équipe. Nous avons un match de plus dans les pattes et ça se ressentira forcément en fin de match, à leur avantage. Et comme les Forearm/Elbow commencent déjà à pleuvoir, les fautes sont déjà plus nombreuses que sur le premier match.

Jusqu’à 5 minutes de la fin de la première mi-temps, nous menons toujours, et la situation se renverse juste avant la pause 72-62 pour Bordeaux. 

De nombreuses fautes de out of play block ont été données aux chasseuses qui se plaignent de ne pas entendre l’ipr front dire « out of play ». 

La mi-temps est à nouveau légèrement décousue, on peine à rassembler tout le monde et on redonne les instructions : constance, endurance, pas de faute. 

Deuxième mi-temps, tout le monde est assez remonté, l’écart au score est très serré, et deux fois de suite, un « no pack » débouche sur deux fautes pour nous et aucune pour bordeaux. Lorsque nos blocqueuses ne respectent pas le no-pack, elle prennent logiquement un OOP-Block, mais à l’avant, lorsque leurs blocqueuses ne respectent pas le no-pack et que notre jammeuse insiste, c’est notre jammeuse qui prendre un HighBlock pour Vio, et un Forearm pour Nat. 

Un peu plus tard, Johanna, les bras en l’air, fait une feinte à l’exter, revient au milieu, leur B4 tombe toute seule et Bonnie prend un Forearm.

C’est le jeu, on va en box à chaque fois, mais les powerblock se payent cher et l’écart se creuse super vite. 

Comme je vais à l’inside protester pour les histoires de no-pack, BZ commence à gueuler aussi, on s’engueule lorsqu’elle détruit la box, le ton monte un peu lors d’un Official Review et l’hécatombe continue notamment sur Nat qui prend des fautes que je ne comprends pas toujours. 

Enfin, depuis que les bordelaises ont installé leur jeu, je demande à plusieurs ligne d’aller bousculer tout ça en allant sur la ligne de pivot aux « 5 seconds », mais personne ne le fait.

Pendant le dernier quart d’heure, on abandonne progressivement, et l’écart se creuse encore.

Score Final : 239 – 106 

L’objectif n’est pas atteint. 

Cependant, la première mi-temps nous apprend quelque chose : Bordeaux a beau ne pas participer aux championnats, leur niveau est globalement plus proche de N1 que de N2, et notre objectif sur deux ans est de passer en N1. Cette première mi-temps est vraiment motivante pour la suite, l’écart de niveau n’est pas si énorme que ça, et c’est vraiment sur le collectif et la discipline qu’elles nous ont eues, et certainement un peu aussi une bonne maitrise de la relation aux refs.

Je suis vraiment content de cette journée, ce deuxième match a été plus collectif dans le sens où les bloqueuses étaient moins éparpillées que contre Toulouse, mais le collectif peut aller encore plus loin. Je ne m’en suis pas rendu compte sur le coup, mais je crois que je n’ai pas été assez « dur » dans mes demandes. L’histoire de prendre la ligne de pivot pour les déstabiliser, par exemple, est très facile à appliquer et ne dépend pas d’autre chose que « est ce qu’elles prennent la ligne » et n’a pour autant pas été appliquée. J’ai eu la sensation de vous avoir plus laisser jouer votre truc que d’habitude, sans vous emmerder pour obtenir ce que je voulais. 

C’était une journée de reprise pour tout le monde, et pour moi aussi, finalement 🙂

Bravo à toutes, et Jérome aussi, ça n’augure que du bon pour la suite. 

On programme un visionnage de Bordeaux-Perpi rapidement avant le prochain plateau. 

Coccyx ! Lexis !

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