Contribution de Dexter Cave concernant le problème des extractions de matériaux de rivières.

Dossier très intéressant écrit spontanément par Dexter Cave, à la suite de la pétition.

Contribution de Dexter Cave concernant le problème des extractions de matériaux de rivières.

Je fais suite à votre pétition que je viens de signer et pour laquelle je vous félicite.

Concernant les extractions en rivières je souhaite d’abord préciser que les voies d’eau (rivières, sources, eaux souterraines,…) sont la propriété du Pays et relèvent de sa compétence, les Communes n’ayant aucune autorité en la matière. Un Maire ne peut donc, au maximum, que soutenir moralement des actions dans ce domaine.

1.      Un scénario proposé :

Je vous propose donc le suivant qui s’est reproduit maintes fois depuis les années 60, 70 et qui continueront à se reproduire aujourd’hui et à l’avenir si notre vigilance faiblit :

  • Les extractions sur les voies d’eau ont eu lieu de manière sauvage et même outrancière dans nos rivières et sur plusieurs années au seul profit substantiel de sociétés privées qui ont ainsi pris tous les droits au détriment des riverains et de la nature en général,
  • Les curages utiles accompagnés de la protection des berges ont été remplacés par des extractions à but purement commercial.
  • Le résultat en est que la végétalisation des berges constituée par des mape, purau et autres arbres bénéfiques, naturels et ne nécessitant qu’un entretien peu coûteux, à disparu, laissant les berges à nu et abandonnées avec des matériaux meubles (sables et petits calibres).
  • En effet, les " grosses pièces " ont été prélevées pour un autre usage encore plus mercantile, ce qui est mentionné plus bas.
  • Une fois les dégâts constatés par le Pays, celui-ci estime que les berges ont réellement besoin d’être stabilisées, Alors Il décide de payer des centaines de millions de FCP aux mêmes sociétés privées pour la réalisation d’enrochements très coûteux et parfois sans fondations, à la verticale donc pas toujours fiables face aux crues. Les cas d’enrochements complètement disparus ou disloqués sont réels.
  • Les lieux de provenance des blocs rocheux vendus au Pays 50 000 FCP/ pièce ne sont autres que les " grosses pièces " citées ci avant. Elles seront donc prélevées dans d’autres nouveaux sites qui seront à leur tour fragilisés et aussi la nature saccagée.
  • Ainsi le cycle d’exploitation est complet avec pour bilan des super profits pour quelques sociétés bénéficiaires. Ces profits sont apportés en partie par les généreux riverains qui voient leurs terres et parfois même leurs maisons, accompagner le flux des crues.
  • Une douzaine de maisons sont tombées dans la Taharuu, ce qui a engendré bien sûr autant de drames humains.
  • La moralité proposée dans ce scénario est comme suit : devenir vite entrepreneur d’agrégats de rivières, une valeur sûre où l’on gagne à tous les coups et à toutes les étapes du scénario…
  • Je ne suis pas du tout contre le profit et l’économie libérale mais dans le cas présent c’est quand même « le bouquet »…
  • Il faut noter aussi que les enrochements, complètement artificiels, suppriment toute idée de milieu naturel bénéfique et, suppriment aussi l’accès à la rivière sauf lorsque dans des cas très rares, un escalier est inséré dans l’ouvrage.

2.      Un texte du JOPF du 31 janvier 1969 :

L’article 4 qui figure en page 70, en bas de la première colonne spécifie que :

« Toute personne autorisée à extraire devra… s’interdire toute excavation de nature à présenter un danger pour le solidité des berges avoisinantes… les personnes… seront directement responsables vis-à-vis des riverains… ».

Cet extrait est, à mon avis très important à souligner car il donne au riverain vis-à-vis du contrevenant, un pouvoir d’intervention directe et immédiate.

Avant qu’il ne soit trop tard, il ne faut pas hésiter à s’en servir pour faire stopper des travaux immédiatement en dépêchant, si nécessaire, le Service de l’Equipement sur les lieux.

En effet, les contrôleurs ne peuvent pas être présents à tout moment et sur tous les chantiers. J’ai eu la confirmation du Service de l’Equipement que l’intervention d’un riverain dans ce cadre sera perçue comme un acte de prévention utile pour tous.

3.      Un dossier juridique en cours pour la Taharuu :

Ce dossier, privé, a débuté le 15 novembre 1976, date de notre premier courrier au Gouverneur de l’époque. Un plainte vis-à-vis du Pays a été déposée le 25 avril 2002 dans le seul but d’arrêter les extractions. Leur arrêt effectif jusqu’à ce jour à motivé l’arrêt de la poursuite de la plainte, mais le dossier reste « en cours » et potentiellement actif.

Je mets volontiers ce dossier à la disposition d’autres victimes, effectives ou potentielles. SVP, n’hésitez pas à me contacter.

4.      La fuite d’huile dans la Taharuu :

Cet incident est complètement regrettable. L’entrepreneur incriminé a été sanctionné par le coût de l’opération de dépollution mis à sa charge et l’effet psychologique de la réprobation générale. Mais cet incident reste accidentel ou même exceptionnel. Il ne doit pas cacher le vrai problème des extractions incontrôlées et le manque de prévention en matière d’aménagement et de protection des berges.

Dexter CAVE
Tél. 77 59 92 ou 57 53 21

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