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De l’autre côté de la rupture

En 2012, j’ai écrit « Je me suis fait larguer ». C’était à l’origine un programme quotidien que l’on recevait par mail, et c’est ensuite devenu un livre édité par Eyrolles. Lors de la promotion de ce livre, j’ai produit beaucoup de contenu pour positionner ce site sur les thématiques de la rupture amoureuse. Il reste quelques exemplaires du bouquin à la vente, mais je ne vends plus le programme. 
Le contenu ci-dessous date de cette époque et génère encore un peu de trafic sur ce site.

article librement traduit de celui-ci

c’est aussi dur pour eux que pour vous.

Dans l’inconscient collectif, la personne qui est quittée a le monopole du « coeur brisé », et elle seule peut le revendiquer.

La personne qui quitte est vilipendée, décrite comme quelqu’un de cruel, monstre sans âme qui se promène de ci de là, déchirant les coeurs des personnes qu’elle rencontre. Alors qu’en fait, non.

Je sais que c’est dur d’être rejeté.e. Ça fait atrocement mal d’être celui qui est quitté, et ça rend vraiment fou de ne pas avoir de prise sur cette décision.

Cependant, c’est aussi difficile d’être celui ou celle qui quitte. Etre celui ou celle qui doit prendre cette décision difficile et néanmoins binaire : oui ou non

Rompre avec quelqu’un est pire que de licencier quelqu’un.

Et généralement, on admet que licencier quelqu’un est l’une des choses les plus dures pour un manager.

Seuls les gens qui n’ont pas eu à le faire peuvent dire le contraire. Personne de censé n’aime licencier les gens – ni rompre avec eux.

Parce que vous ne licenciez pas seulement quelqu’un.

Vous licenciez votre bras droit. Vous licenciez votre associé.e, le vice président du président que vous êtes (tout en étant vous aussi le vice président du président qu’il/elle est)

De plus, c’est comme licencier votre meilleur.e ami.e; votre +1. C’est regarder la personne à laquelle vous tenez, et qui tient à vous, et lui dire « c’est fini. » Et ça n’est pas de gaieté de coeur.

Parce que cette relation est construite sur l’investissement personnel et la confiance. Et par dessus tout, vous vouliez tous les deux que ça marche.

Eux/elles aussi étaient investi.e.s dans la relation.

C’est ce que la plupart des gens ne parviennent pas à comprendre-eux aussi le voulaient. Ca n’était pas désinvolte de leur part non plus.

Ils/elles se sont embarqué.e.s là dedans autant que vous, et ils/elles voulaient que ça marche autant que vous. C’est juste que la mayonnaise n’a pas pris. Ou que le périmètre de la relation a évolué et que vous n’avez pas suivi. Et si vous ne suivez pas, ils/elles ne peuvent pas suivre sans vous.

Alors peut-être que vous trépignez en attendant qu’ils/elles changent d’avis ? Mais voyons, ils/elles ont passé du temps avec vous en attendant que vous changiez, vous aussi.

L’un de vous deux a du prendre une décision, et ça n’allait manifestement pas être vous.

Ils/elles en souffrent, eux/elles aussi.

Ils/elles souffrent de votre rupture, mais ils/elles ont également souffert avant d’en arriver là. Certains disent même que le « largeur » est celui qui a le plus souffert dans la relation que le « largué », si on considère que c’est ça qui a conduit leur décision de rompre.

D’une certaine manière, ils/elles souffrent deux fois, une première fois dans la relation, et une seconde fois après la rupture.

Une rupture légitime vos sensations comme si elles étaient indiscutables, mais elles ne reflètent pas forcément la réalité.

Les choses ne sont pas aussi tranchées. Tout est dans la nuance. Mais une rupture sonne (temporairement) le glas de la nuance et nous laisse dans cet état de « mais qu’est ce qu’il vient de se passer ? »

Je pense que si on examine vraiment les choses, on le sait.

Les choses n’allaient pas si bien et tout n’était pas parfait. Et lorsque ça a empiré, quand ça ne s’est pas arrangé, peut-être que vous avez fait de votre mieux, tous les deux, mais honnêtement, peut-être que ça n’était pas le cas, vous ne faisiez pas de votre mieux tous les deux.

Dans tous les cas, ça ne s’améliorait pas et l’un de vous deux a du prendre une décision, c’est logique, non ? Il fallait faire quelque chose ou vous auriez vécu ainsi pour toujours. Et faire quelque chose, c’est parfois « partir ». En l’occurrence, « partir » signifie « larguer » ou « être largué.e »

Comme dit Robert Kinkaid,

« Ne te leurre pas, Francesca, tu n’es pas juste une fille comme ça »

Et partir n’est pas juste une décision facile à prendre.

Celui qui part doit se tenir à sa décision

Celui qui part doit être fort pour deux.

Celui qui est quitté peut gamberger, blâmer son ex et se demander « Et si… »

Celui qui part n’a pas ce luxe. Celui qui part ne peut pas laisser libre court à ses émotions. Il/elle n’a pas d’espace d’expression pour ses émotions.

Celui qui part ne peut rien faire d’autre que rationaliser et constamment se souvenir pourquoi.

Parce que la seule chose pire que l’on peut faire à quelqu’un que l’on vient de quitter, c’est d’aller partager ses émotions avec lui/elle sans pour autant changer d’avis.

Parce que l’on s’attend à ce que celui qui quitte supporte ces moments. Il/elle doit être fort.e sous peine de passer pour un lâche ; quelqu’un qui joue avec les gens ; quelqu’un qui ne sait pas ce qu’il veut, quelqu’un qui utilise les gens.

Comme disait Robert Kinkaid, encore :

« Je ne veux pas te quitter maintenant. Nous n’avons pas à nous décider maintenant. Peut-être changeras-tu d’avis. Peut-être que nous nous reverrons et que tu changeras d’avis. »

Ce qui fait pleurer Francesca

« Si ça arrive, tu devras décider, parce que je ne pourrais pas »

Parce que c’est atrocement dur. C’est un déchirement constant pour celui qui quitte aussi.

A une exception près…

… naturellement, c’est lorsque l’on tombe sur quelqu’un de réellement toxique.

Se séparer de quelqu’un qui craint un peu, c’est difficile, mais licencier quelqu’un qui ment, qui triche, vole, etc. n’est certainement pas aussi complexe que d’avoir a se débarrasser de votre moitié.

Les ruptures sont un crève-coeur pour tout le monde

Y compris ceux qui en sont à l’origine.

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