Projet te Autaeaeraa, pauvre solidarité…

La presse fait cette semaine ses choux gras de la future probable faillite de la CPS (lire ici : Risque de faillite de la CPS dans deux ans… et sur Tahiti Presse )
La plupart des articles semblent accuser à demi-mot le projet Te Autaeaera’a qui, depuis sa mise en place, génèrerait hypothétiquement un déficit croissant.
Les gens avec qui j’aborde ce sujet semble ignorer beaucoup de choses à propos de ce projet, et il me semble important de vous livrer mes souvenirs (et j’ai généralement une bonne mémoire) sur la question :

Rappel des épisodes précédents :

  • En 2005-2006, Christian Vernaudon propose un projet baptisé Te Autaeaera’a destiné (pour simplifier) à soulager la pression fiscale sur les bas salaires en reportant l’effort de cotisation sur les salaires plus importants.
  • Techniquement, il s’agit de baisser les points de cotisations salariales et patronales en augmentant la CST.
  • Les taux sont définis à partir de la masse salariale territoriale pour un résultat nul, la hausse de CST compensant la baisse de cotisation.
  • Lors de ses nombreuses présentations du projet, Christian Vernaudon prend son propre exemple en expliquant que « sur [son] salaire de 1,5M XFP, cela représente une baisse d’un peu moins de 100 000 XPF » ce qui montre bien l’intention du projet (et sa dénomination) la solidarité.

Sur ce, le projet faisant son chemin, le syndicaliste Ronald Terorotua décide qu’il est inadmissible d’augmenter la CST (Contribution SOCIALE Territoriale) pour financer le projet. S’en est suivi un des plus gros blocages de la ville, jusqu’à la signature d’un protocole d’accord qui suspend l’utilisation de la CST comme moyen de financement du projet.  (voir ici : https://terimanoteea.centerblog.net/52654-Signature)

En clair, augmenter les bas salaires, oui, mais pas en ponctionnant les hauts salaires. Et Ronald fait « parler la rue » à la tête d’un cortège de smicard qui ne sont pas du tout concernés par la CST, puisqu’elle ne s’applique pas à ces niveaux de salaire.
Difficile dans ces conditions de ne pas soupçonner Ronald d’avoir des intérêts divergents de la base du syndicat qui l’emploi. Difficile de ne pas s’interroger sur la motivation de ces smicards puisque leur combat (faire abandonner le financement de Te Autaeaera’a par l’augmentation de la CST) n’aurait eu aucun impact sur leur rémunération. Difficile aussi d’avaler qu’un projet qui avait la noblesse et les valeurs du partage puisse être foulé au pied par des nantis qui instrumentalisent des troupeaux de Smicard pour éviter de mettre la main à la poche au profit… de ces mêmes Smicards !

Je gagne correctement ma vie, et j’aurais aimé voir ces points de CST prélevés sur mon salaire plutôt que d’assister aujourd’hui à une situation prévisible de « probable future faillite de la CPS »…

PS : J’ai historiquement été employé à Air Tahiti, et il existait donc un lien de subordination entre Mr Vernaudon et moi-même, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Cette précision évitera peut-être au lecteur de me prêter une allégeance ou une volonté qui n’est pas la mienne, quelque soit le respect que je porte à Mr Vernaudon.

3 Responses

  1. Sachant qu’un an avant, Ronald disait…

    “En préparant ce rapport, j’ai pris conscience des dangers du tabac même pour les non fumeurs. J’ai décidé d’arrêter de fumer”,

    http://www.ladepeche.pf/fenua/societe/1286-quand-les-gros-fumeurs-votent-contre-la-tabagie.html

    Dans un style plus démonstratif, le représentant du Oe to oe rima, Ronald Terorotua, pourtant rapporteur du projet d’avis, n’a pas hésité a brandir fièrement son paquet de cigarettes pour défendre les droits et la liberté des fumeurs, bien loin de sa promesse d’arrêter de fumer formulée lors de la première séance d’octobre 2008.

    http://www.ladepeche.pf/fenua/politique/5878-debats-fumeux-autour-du-tabac.html

  2. Suite à un échange téléphonique avec Ronald Terorotua, celui m’a invité à préciser que la grève n’avait pas été l’oeuvre d’un seul homme mais bien celle d’une intersyndicale, ce dont je conviens sans mal, tout en précisant qu’il avait été particulièrement médiatisé à l’époque.

    Ronald m’a également également fait remarquer que la phrase « Difficile dans ces conditions de ne pas soupçonner Ronald d’avoir des intérêts divergents de la base du syndicat qui l’emploi. » était tendancieuse et accusatrice.

    Je vais donc reformuler en disant : « Difficile de ne pas s’interroger sur la motivation de ces smicards puisque leur combat (faire abandonner le financement de Te Autaeaera’a par l’augmentation de la CST) n’aurait eu aucun impact sur leur rémunération »

    Enfin, Ronald m’a indiqué ne percevoir aucune rémunération depuis ses dix ans de présence au syndicat Oe to oe rima, ce que je ne peux vérifier. Je lui laisse donc la responsabilité de ses propos.

    D’autre part, s’il était besoin de le préciser, j’ai été moi-même syndiqué par le passé, et considère que les syndicats sont un instrument de progrès démocratique.
    Ayant été touché personnellement par la cigarette et les décès prématurés qu’elle entraine, il est possible que j’ai « la dent dure » contre Ronald Terorotua notamment pour ses positions contradictoires sur la cigarette.
    Cela n’élève rien, je crois, à la validité de mon raisonnement, aux précisions apportées par Ronald près.

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