Lorsque l’on se fait larguer, c’est peu dire que le sort s’acharne. Pour une raison mystérieuse, « votre » chanson passe à la radio toutes les cinq minutes. Les signes cosmiques sont innombrables. Le personnage du bouquin que vous lisez en ce moment porte le même prénom que vous, vous reconnaissez un parfum bien connu sur toutes les personnes que vous rencontrez, le film préféré de votre ex passe à la télé, etc.
Bref, même si vous ne le reconnaissez pas encore, vous êtes légèrement obsédé(e) et vous rationalisez des choses parfaitement banales en prétendant que seul votre destin tragique peut expliquer des « coïncidences » aussi troublantes.
Laissez-moi vous proposer un explication légèrement plus cartésienne et cohérente. Avez-vous déjà assisté à une remarque d’un gaucher à un autre « ah, toi aussi tu es gaucher ? »
Peut-être êtes vous gaucher(e) vous-même – une chance sur dix – auquel cas le raisonnement suivant n’aura pas de mal à vous parvenir :
La plupart des droitiers ignorent qui de leur entourage est gaucher ou non, à part leurs intimes. En effet, faisant partie de la « majorité », il y a peu de chance d’être particulièrement observateur sur ce point précis. Néanmoins, un droitier croise quotidiennement autant de gauchers qu’un autre gaucher – à moins d’être sur l’île bien connue. Pourtant, un gaucher le remarque bien plus, ne serait-ce que par empathie élémentaire.
Pour ma part, ayant passé une grande partie de mon existence en Polynésie française, je vois des tahitiens partout depuis que j’habite en métropole. Naturellement, je n’en déduis pas pour autant que les tahitiens me poursuivent et que le destin veut absolument me renvoyer dans les îles. Je croise tout simplement autant de tahitiens que de gauchers, mais je fais plus attention aux premiers qu’aux seconds.
Revenons à nos moutons, qui ne sont ni gauchers ni tahitiens, mais bel et bien amoureux transis, et qui clament à qui veut l’entendre que « tiens, tu vois bien, notre chanson repasse à la radio ! »
Si l’un d’entre eux passe lire ces quelques lignes, gageons qu’elles l’aideront à discerner l’hypothèse que « notre chanson » ne passe pas plus souvent à la radio, mais plus simple qu’il/elle y fait plus attention durant sa période de grand trouble affectif.
PS : j’en profite pour suggérer « Marius et Jeannette » dans lequel il y a une scène mémorable avec un radio qui s’acharne à jouer des musiques romantiques 🙂