Je foisonne d’idées. C’est comme ça, je fais pas exprès, j’ai toujours une idée en tête. Généralement très farfelue. Et la question qui se pose toujours immédiatement après l’arrivée de l’idée, c’est « Est-ce que ça pourrait marcher ? »
Entre autres exemples, je m’étais mis en tête de monter une société de noeuds-papillon combinant des tissus pareu et des matières plus occidentales. A l’époque, la question qui m’obsédait était de savoir si le noeud-papillon était en soi une bonne idée, s’il représentait un marché réel ou s’il était juste une micro-niche pour les dandies bizaroïdes de mon espèce. L’histoire m’a depuis apporté la réponse — et le regret de ne pas m’être lancé — mais la question de l’époque revient toujours, sous une forme ou une autre, à chaque fois que j’ai une idée.
Le temps est une variable moqueuse dont l’ironie est souvent grinçante.
- A en juger par le regard que portait la société sur les lecteurs de Strange dans les années 80, on pouvait difficilement imaginer que la franchise Marvel/DC Comics sortirait 17 films de super-héros en 3 ans.
- A en juger par les quolibets « retourne jouer à la Nintendo » des demoiselles en 4ième 2, on pouvait difficilement imaginer que le Prize Money de jeu vidéo s’élèverait à plus de 2 millions pour les championnats du monde.
- A en juger par les reportages de TF1 sur les rôlistes qui égorgent des chèvres dans les cimetières, on pouvait difficilement anticiper le succès des cartes Magic et ensuite de l’ensemble des MMORPG.
- A en juger par l’insupportable personnage Hermione Granger, prototype de « madame-je-sais-tout » dans Harry Potter, il était impossible de se douter de son rôle prépondérant dans l’histoire, et par la suite de la dimension de sex-symbol de son actrice Emma Watson.
Vous l’aurez compris, j’ai été lecteur de Strange, j’ai joué à la Nintendo, j’ai fait du jeu de rôle et j’ai detesté Hermione autant qu’Emma me plait.
Naturellement, c’est aller un peu vite en besogne que de déduire que, parce que je suis aujourd’hui convaincu de quelque chose, il suffira d’attendre suffisamment longtemps pour que l’histoire me donne raison.
Néanmoins, le fait d’avoir eu « raison avant tout le monde » et surtout « contre tout le monde » sur d’autres sujets est un souvenir qui permet de s’entêter un peu plus longtemps sur un projet auquel on croit.
Cela dit, pour avoir planté quelques projets par le passé, je suis bien placé pour savoir que la question de « combien de temps doit-on s’entêter ? » est capitale. A suivre.
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