Littérature

Chaussures et petites voitures, sonnet badin.

Un matin, en me réveillant, J’eu la surprise, en me chaussant, De découvrir dans mes souliers, Les jouets que mes fils y avaient laissées. Amusé d’abord, attendri ensuite, Avec leur rire argenté comme douce musique, Je les embrassais en étouffant un sanglot, Dieu que cela me semblait beau. Désormais chaque lessive Du linge trouvé dans leur chambre vide, Est la promesse d’une surprise, D’une pièce, d’un soldat, d’une bêtise, Puisqu’en fouillant leurs poches je me fais fort, De découvrir tous leurs trésors.

La volte-face et l’ovin retors

Le Château de la Mothe est mythique pour plus d’une raison, et un épisode de la « vie de château » en particulier n’a rien à envier à la tragédie Shakespearienne. Abel, grand-père jamais à cours d’idées aussi sottes que grenues pour amuser ses petits enfants, avait fait l’acquisition de trois ovins dont un en particulier était habité par le (mauvais) génie des alpages. L’ironie de la fortune avait voulu que Brutus soit le nom choisi pour nommer le seul mâle de la triplette – car il est bien connu que les femelles ne mérite pas de dénomination particulière. Le mode d’emploi du cornard était somme toute assez simple : Une fois dans le champ où paissaient les sus-dits moutons, toute l’astuce consistait à ne jamais tourner le dos au bélier sous peine de se retrouver rapidement sonné sur son séant. Quelque soit sa taille, l’ovidé se précipitait à peine avait-on le dos tourné sur

Les chiottes de mirebel

Les histoires familiales regorgent de ces maisons un peu décrépies qui sont le théatre d’aventures mémorables. La maison de Mirebel, dans le Jura, ne faisait pas exception et était connu pour son confort spartiate. Des doublevécés d’un autre âge tronaient non pas dans la maison mais au fond du jardin, comme il se doit dans des maisons centenaires. Cette particularité prenait tout son sens au coeur de l’hiver où, en pleine nuit, une envie pressante saisissait les enfants. Si cette envie était discrètement soluble dans un lavabo voisin, le cousin ainsi soulagé pouvait rejoindre morphée sans plus d’émotion, en prenant garde à ne pas se faire prendre par les générations supérieures. Lorsque ce besoin tenait plus de la commission, une expédition s’imposait, d’abord vers l’inquiétante cave qui débouchait sur le jardin, puis sur le lointain cabinet. Généralement, une paire de chaussures adultes permettait de se rendre sur le trône. La

La chasse à la truite

Si le chateau de la mothe n’est plus très renommé pour ses eaux poissonneuses, il existe tout de même des histoires de pêche fameuses qui font la gloire des retrouvailles familiales. Lors d’inénarables vacances au chateau, des cousins chanceux purent assister à une partie de pêche très particulière. Ou devrais-je dire de chasse. Une coutume locale veut que les meilleures cannes à peche soient faites en bois de noisetier, de ce noisetier qui pousse au fond des bois et met à l’épreuve les plus courageux des pêcheurs lors de leur quète pour la gaule idéale. Le noeud qui joint le fil et l’hameçon à ladite branche porte à lui seul la science de nombre générations de pécheurs agguerris. Enfin, l’emplacement où tremper sa ligne est un des secrets les plus jalousement gardé au monde, si bien que lors des pêches entre cousins, tout le monde se retrouvait simplement sur le

La hache et le potager

Matthieu est le cousin le plus redouté de la famille Poux. Sa réputation d’égorgeur d’enfant (ou de voleur de poule, c’est selon) lui vient d’une histoire peu banale, même si certains détails de l’histoire écorchent un peu la légende dite « de la hache ». Les cousins Poux & Bernard eurent l’heur de se voir confiés à Andres, jovial ibère réputé pour ses idées inovantes pour occuper la marmaille. Or donc, une chamaillerie démarra à mis chemin entre une hache et un potager, tous deux étant la propriété du grand père Abel. Du haut de ses dix ans, pour mettre fin à la dispute, Matthieu jugea la hache plus contondante que le potager et s’avança vers votre serviteur dans l’intention de donner du poids à ses arguments. N’écoutant que mon courage, je mis entre mon cousin et moi la distance nécessaire à ma survie en contourant le potager. Le potager est, comme

La brosse à dent de mundaka

La défense des animaux, sans être un combat quotidien, trouve généralement un écho assez favorable chez les bernard. Une annectote illustre cette noblesse de coeur plus que les autres, celle de la brosse à dent de mundaka. Les plus lettrés de nos lecteurs auront reconnu, soit en ayant recours à l’éthimologie, soit grâce à une connaissance géographique remarquable un village du nord de l’espagne, en pays basque, pour être précis. Bien entendu, le terme « brosse à dent de mundaka » ne fait pas référence à une relique quelconque mais il s’agit bien de l’accessoire d’hygienne bien connu, utilisé en l’occurence sur la personne de Mundaka, un potok, soit une sorte de gros poney. En effet, lors d’une randonnée pédestre dans les pyrennées, les parents bernard eurent la bonne idée d’agrémenter le voyage d’un potok, afin de soulager les dos des uns et egayer les autres. Ce potok, d’une nature plutot flegmatique,

l’escalier de la cave

au hit parade des inventions les plus diaboliques se trouve en très bonne place le va et vient de l’escalier de la cave. Invariablement, lorsque quelqu’un devait descendre ses chaussures à la cave, un frère ou une soeur surgissait de nulle part, et attendait le moment fatidique pour éteindre la lumière de la cave, depuis le haut de l’escalier. S’en suivait alors une guerre froide, chacun le doigt sur son interrupteur, où celui qui était en bas devait prendre de vitesse celui qui était en haut, afin de ne pas se retrouver dans le noir pour remonter. Lorsque cela arrivait, l’occupant de la cave revenait généralement vers l’interupteur le plus proche en s’éloignant de la sortie de la cave, mais pouvait dans ce cas rétablir la lumière salvatrice. Au bout d’un certain nombre de tentatives, les plus courageux de la famille bernard que nous ne nommerons pas ici par respect

Les courgettes et le camembert

s’il y a bien un truc qui symbolise l’horreur chez les bernard, c’est bien la courgette ! a voir les vaines contorsions de lucas pour échapper au suplice de la courgette, un observateur non averti aurait a l’époque comparé les repas familiaux à une véritable inquisition, tant les simagrées de lulu etaient convaincantes ! Par extension, tout était prétexte à l’évocation de ce légume, et dès qu’on passait à table, le jeu consistait souvent à faire croire qu’il y avait des courgettes dans les plats ou il n’y en avait pas, et cacher le plus longtemps possible leur présence dans les plats qui en était composés. Selon le cas, l’expression dégoutée de Lucas mélée d’une pointe de « c’est pas mauvais mais je mourrais plutot que de l’avouer » faisait place à des exclamations thriomphantes de ma part. D’autres fois, la recherche de la réponse à la question « y a t’il vraiment

Les Frères Jacques

Comme dans toutes les familles, une des grandes traditions à la fin de chaque repas regroupant les cousins était le « pestacle ». Chez les Poux, où les cousins abondaient et où le nombre de prestations proposées permettait des représentation aussi hilarantes qu’interminables, le clou a longtemps été le final des « frères jacques ». En effet, quatre de mes cousins se trouvaient être à la fois suffisamment frères, sufisamment plus âgés et organisés pour donner à chaque opus de nos retrouvailles familiales une chanson convaincante du répertoire des sus-nommés frères jacques ( les vrais ). Conquis par leur interpretation sans faille qui ravissait l’audience, la dénomination de « frères jacques » est restée pour faire référence à cette fratrie que nous voyions finalement assez peu. Il m’a fallu de nombreuses années et une écoute attentive de l’intégrale du célèbre quatuor pour déceler des incohérences d’âge et de pilosité entre mes « frères jacques » et de leurs